TRANSpaintings (recurrence)

2023

Encre et acrylique sur maille de polyester monofilament dans une sculpture en aluminium, Upright Brackets, de Nairy Baghramian

243,84 × 304,8 cm, 30 kg (96 × 120 in, 66,1 lb)

La nouvelle série de Mehretu, intitulée TRANSpaintings, se compose de peintures sur une maille de polyester semi-translucide, un matériau généralement utilisé dans le procédé de la sérigraphie. À partir d’images issues de l’actualité médiatique — et en particulier de la couverture de la guerre en cours en Ukraine —, Mehretu transforme cette matière pour parvenir à sa propre forme d’abstraction. Ces images trouvées sont floutées et modifiées numériquement, puis pulvérisées à l’aérographe sur la surface — un processus que Mehretu qualifie de « fusion » de l’image. Sur cette couche de base, elle ajoute et efface à l’aide de sérigraphie, d’encre et de peinture acrylique. Dans les TRANSpaintings, Mehretu applique la peinture sur les deux faces de la maille, bien que chaque œuvre ait un recto et un verso distincts.

Pour bon nombre des TRANSpaintings, des images de base provenant de la guerre en Ukraine sont utilisées, images que Mehretu transforme pour arriver à son propre langage abstrait. Alors dans sa deuxième année (au moment de la rédaction), la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine a débuté par une invasion à grande échelle le 24 février 2022, durant laquelle des centres urbains à travers le pays, notamment Kyiv et Kharkiv, ont été bombardés par des tirs d’artillerie et des frappes de missiles. Plus de 8 millions de réfugiés ont fui le pays, et environ un tiers de la population est déplacée, provoquant la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Mehretu a tenu compte de ces événements lorsqu’elle a intitulé son exposition à la White Cube Bermondsey : They departed for their own country another way (« Ils rentrèrent dans leur pays par un autre chemin »), une citation tirée du verset biblique Matthieu 2:12.

Disposés « à 360 degrés », les TRANSpaintings sont installés sur des cadres et échafaudages en aluminium. Ces structures de soutien architecturales, créées par Nairy Baghramian et faisant partie intégrante du discours actif de l’artiste, remplissent plusieurs fonctions : en maintenant et en soutenant les peintures en position verticale, elles confèrent une présence affirmée à l’œuvre dans l’espace. Leur disposition à différentes hauteurs invite à une rencontre directe avec le spectateur. De plus, l’usage d’un matériau translucide engendre des images lumineuses et éthérées qui laissent passer la lumière et permettent au mouvement dans l’espace d’animer l’œuvre. S’infiltrant dans les formes nébuleuses des œuvres, ces éléments deviennent une synthèse d’image, d’action et d’espace qui complexifie encore la relation du spectateur à — et son implication dans — l’image abjecte.

À cette luminosité envoûtante s’ajoutent des sous-titres riches en références : crâne, main, béquille et masque évoquent le corps, tandis qu’un oniromancien est une personne qui interprète les rêves pour prédire l’avenir (dans la mythologie grecque, les rêves étaient parfois personnifiés sous la forme de la divinité Oneiros). TRANSpaintings (recurrence) suggère la notion de temporalité ou de cyclicité.

Expositions