Maahes (Mihos) torch

Pour Maahes (Mihos) torch, l’artiste américaine d’origine éthiopienne Julie Mehretu poursuit le processus de travail qu’elle expérimente depuis le milieu des années 2010 : à partir d’une photographie de presse floutée et recadrée qu’elle transfère sur la toile, l’artiste ajoute un réseau complexe de marques graphiques à l’aide de divers outils et procédés : tramage numérique, pinceau à l’encre et à l’acrylique, pistolet à peinture, pochoirs... 

Pour cette toile, l’artiste est partie d’une photographie de 2018 montrant l’incendie nocturne traumatique qui ravagea le Musée national de Rio de Janeiro au Brésil, détruisant la quasi totalité des collections de l’institution. L’artiste n’a conservé de la photographie, convertie en noir et blanc, que les flammes et les nuages de fumée, supprimant tout repère spatial, ne gardant que « l’ADN » de la photographie, sa puissance spectrale. Le recours à des procédés numériques de retouche de l’image est ici très visible : le maillage de points de trame d’impression crée une résille qui se mêle à la chorégraphie dynamique de gestes graphiques étagés sur la toile, la main de l’artiste renouant avec la force pulsionnelle et sismographique du dessin. 

La combinaison de couleurs acides, de gestes stridents et l’aspect atmosphérique fait planer une menace qui rappelle inconsciemment un présent traumatique : crise migratoire, dérèglement climatique, feux de forêt géants, ravages écologiques, montée du fascisme, autant de bouleversements profonds dont le travail de Julie Mehretu offre une nouvelle perspective sensible.