An Ecstatic (echo)

Pour An Ecstatic (echo), l’artiste américaine d’origine éthiopienne Julie Mehretu poursuit le mode opératoire qu’elle expérimente depuis le milieu des années 2010. À partir d’une photographie de presse qui, floutée, recadrée, puis transférée sur la toile, devient la sous-couche de la toile, l’artiste ajoute des notations graphiques à l’aide de divers outils et procédés : pinceau à l’encre et à l’acrylique, pistolet à peinture, retouches numériques, grattage. La photographie originelle est floutée suffisamment pour effacer les visages et les repères spatiaux, ne gardant que « l’ADN » de la photographie, sa puissance spectrale.

Les toiles récentes de Julie Mehretu opèrent ainsi selon une chorégraphie dynamique de gestes graphiques, la main de l’artiste renouant avec la force pulsionnelle et sismographique du dessin. La prédominance du gris et l’usage de couleurs acides et exubérantes font planer une menace qui rappellent inconsciemment un présent traumatique : crise migratoire, réchauffement climatique, feux de forêt géants, ravages écologiques, montée du fascisme dans la politique internationale, autant de bouleversements profonds dont le travail de Julie Mehretu offre une reconfiguration émancipatrice.