Heavier than air (written form)

Autour de 2009, l’artiste américaine d’origine éthiopienne Julie Mehretu inaugure une nouvelle série de toiles souvent regroupées sous le nom de Grey Paintings, d'une palette et d'une tonalité plus sombre. Une configuration complexe de marques graphiques plus énergiques et spectrales organise l'espace de la toile, d'un dynamisme et d'une nervosité encore jamais expérimentés par l'artiste.

L'étagement de plans crée un effet de profondeur, avec des effets de flous, de superpositions, de recouvrements, limitant ainsi le champ de vision. Une importance accrue est donnée dans Heavier than air (written form) au résultat du geste, créant des variations d'intensité, de rythme, de profondeur qui font penser à la pratique du graffiti urbain où la toile se fait mur, surface de projection pour la pulsion inscriptive de l'artiste. La notion de « néologisme visuel » a souvent été évoquée à de multiples reprises pour parler du travail de Julie Mehretu. L’artiste reprend et ré-agence, par des effets de citations, d’échos et de « sample », des marques graphiques appartenant à des répertoires historiques variés, regardant du côté des dessins mescaliniens d'Henri Michaux caractérisés par « la vibration sismographique du trait » et de la peinture et de la calligraphie chinoise.