Untitled

2014

Encre sur papier ; 55,9 × 76,2 cm

La pratique du dessin et de la gravure en eau-forte occupe une place centrale dans le travail de Julie Mehretu. Depuis ses premières œuvres réalisées au milieu des années 1990, l’artiste élabore et enrichit un lexique très personnel de marques graphiques qu’elle agence dans l’espace de ses toiles et de ses dessins. Si le dessin est indissociable de sa pratique picturale, le corpus de dessins à l’encre de l’artiste est généralement plus exploratoire, éliminant complètement les références aux événements contemporains, l’usage de photographies floutées et des divers diagrammes et éléments d’architecture qui forment habituellement la ou les premières couches de ses peintures.

En effet, le dessin a chez l’artiste valeur de matrice et de laboratoire : l’espace de la page est celui où se met en place un vocabulaire graphique qui lui est propre, où elle teste les différentes qualités de lignes et leur pouvoir d’expression. La page accueille ainsi une multitude d’expérimentations graphiques, de marques enlevées, d’annotations rapides, de tracés purement gestuels qui témoignent d’un travail à l’œuvre. Toute la place est laissée à la spontanéité du geste, au plaisir du trait, à sa charge émotive et à sa force pulsionnelle.

Par le dessin et la gravure, l’artiste a pu dire qu’elle « [inventait] une nouvelle forme de langage... l'architecture s'est effondrée... et on a l'impression d'un fouillis frénétique, d'une tentative désespérée d'invention », de sorte que les marques « fonctionnent davantage comme un langage écrit, mais ne sont pas lisibles ». Par la place laissée à l’improvisation et à la spontanéité, le dessin devient également le moyen d’explorer tout un héritage inconscient de gestes issus de l’histoire de l’humanité et de différents courants d’expression, des dessins automatiques des surréalistes, aux dessins mescaliniens d’Henri Michaux, à la peinture et à la calligraphie chinoise.

Expositions