Oh say can you see

2017

Tissu, deux œillets métalliques

242,6 x 154,2 cm

Ce drapeau presque méconnaissable, dont les couleurs semblent faussées et délavées, c'est bien celui des États-Unis. Le rectangle aux cinquante étoiles n'est plus banc et bleu mais noir sur fond vert ; les treize bandes blanches et vermillon sont désormais sur-teintées de rouge.

Un drapeau oui, mais trempé les larmes de l'Histoire, arborant les couleurs de la bannière, crée en 1920, de l'UNIA (Universal Negro Improvement Association and African Communities League). Rouge comme le sang des ancêtres africains, comme la lutte contre l'asservissement ; Noir, comme la couleur de peau ; Vert, comme l'abondance de la nature mère, comme l'Afrique. Une façon pour l'artiste David Hammons de percuter les consciences, de rappeler la genèse tragique de la communauté afro-américaine ; une façon de renvoyer les États-Unis à la violence de leur Histoire. Rongé, troué et déchiré de toutes parts, il ne flotte plus, horizontalement, au vent du mythe américain, mais pend – vertical- comme l'oriflamme bafouée d'une nation en ruine. Oh say can you see – le titre de l'œuvre – sont les tout premiers mots de l'hymne, renvoyant à cette utopie en lambeaux.

Hammons vit et travaille à New York depuis 1974, et ses expériences de cette ville ont influencé son œuvre. Dans son travail, il invoque les sports de rue, le plus souvent la boxe et le basket-ball, très souvent associés aux afro-américains. C'est toujours dans une logique de déplacement que David Hammons opère : il insuffle l'énergie de la rue à ses œuvres, fait rebondir la poussière de Harlem dans les espaces consacrés à l'art. Radical, provocant, percutant, son œuvre puise sa force dans la mission critique de l'art pour remet en question les hiérarchies et les modes de pensée.

Cette œuvre a été présentée pour la première fois en 2021 par la Collection Pinault dans l'exposition inaugurale de la Bourse de Commerce, intitulée « Ouverture ».

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