Violins + Silence = Violence

1981

Crayon, fusain et pastel sur papier
134 × 154,3 cm (52.7 x 60.7 in.)
142 x 162 x 4 cm (55.9 x 63.8 x 1.6 in.) avec cadre
Pinault Collection

« Lorsque la langue commence à se décomposer un peu, elle devient passionnante et communique de la manière la plus simple qui soit: vous êtes obligés de prendre conscience des sons et des parties poétiques des mots. Si vous ne traitez que ce qui est connu, vous aurez une redondance ; en revanche, si vous ne traitez que l’inconnu, vous ne pourrez pas communiquer du tout. Il y a toujours une combinaison des deux, et c’est la façon dont ils se touchent qui rend la communication intéressante. »

Il s’agit d’un dessin qui peut être associé à une sculpture en néon intitulée Violins, Silence, Violence (1981-1982). Dans cette attitude d’épuisement de la matière et des sujets qui lui sont chers, Bruce Nauman a produit ce néon en deux versions: une version d’intérieur en forme de triangle et une version d’extérieur rectiligne installée en frise sur la nouvelle aile du Baltimore Museum of Art. La version d’extérieur est constituée de mots superposés écrits à l’endroit et à l’envers: d’un côté de la façade du musée, le mot « Violins » superposé à « Silence » ainsi que « Violence » à  « Violence », de l’autre, sur le mur adjacent  du bâtiment, « Silence » à « Violins ». 
Dans le dessin présenté ici, les trois mots forment un triangle dans lequel ils se superposent et/ou se lisent à l’endroit et à l’envers. Le mot « violence » est composé des quatre premières lettres de « violins » et des cinq dernières de « silence ». Le jeu de mots et la correspondance sonore entre ces termes et leur disposition forment un poème visuel qui décrit les liens paradoxaux entre musique et silence, entre créativité et violence. La répétition et la superposition des mots désorientent le visiteur et l’invitent à réfléchir à leur signification et association. La double occurrence du mot « silence », tout en le rendant paradoxalement quasiillisible, corrobore et concrétise sa signification: à travers la disparition visuelle du mot, le silence se fait taire lui-même. 

Nauman expose ici sont rapport au langage: il aime jouer avec les mots afin d’en souligner certaines significations, d’en faire émerger des sens auparavant cachés ou de les rendre tout simplement incompréhensibles.

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