Untitled
Encre sur papier, monté sur toile
30,5 x 29,8 cm
Lorsqu’en 1957 Agnes Martin emménage à New York, elle décide de se consacrer entièrement à la peinture - elle a alors 45 ans. Elle réinvente son vocabulaire plastique en abandonnant ses abstractions biomorphiques antérieures et se concentre sur l’exploration de simples formes géométriques ainsi que sur la structure de la grille, dans différents formats. Elle recouvre ses toiles de lignes orthogonales appliquées à intervalles réguliers, neutralisant tout principe compositionnel. « Mes tableaux n’ont ni objet ni espace ni ligne, ou autre — il n’y a aucune forme », affirme-t-elle en 1966. « Ils sont faits de lumière, de luminosité ; ils parlent de fusion, de ce qui n’a pas de forme, de dissolution de la forme *». Si Martin n'est pas la première à utiliser la grille, forme moderniste par excellence, elle est la seule à la déployer de manière systématique sur un format standard carré en sublimant, dans une recherche de perfection profondément spirituelle, les irrégularités du geste .
A l’instar de cette œuvre sur papier recouverte d’une trame très resserrée, les images non-référentielles de Martin sont inspirées de différentes spiritualités orientales, dont le bouddhisme zen et le taoïsme. À la manière d’un mantra, Martin travaille la répétition de motifs réguliers. Cette approche vise à rendre perceptible la beauté transcendantale et l’émotion qui lui est associée. La variation de l’épaisseur de l’encre et les empâtements de la plume produisent un léger effet de tremblement qui déjoue la rigidité et l’anonymité apparente de la structure de la grille.
Cette œuvre a été présentée pour la première fois par Pinault Collection à l'occasion de l'exposition « Icônes » à la Punta della Dogana à Venise, 2023.
*Ann Wilson, « Linear Webs: Agnes Martin », Art and Artists, vol. 1, no 7 (octobre 1966), p. 49