Untitled

2020

Oak and brass vitrine, 20th century; walnut Madonna and Child, France, mid 15th century; bronze axe head, Bronze Age (Ed.Unique)

Œuvre: 184,3 × 99,2 × 63,7 cm, 156 kg

Danh Vo réactive des fragments d’histoire dans des installations qui explorent les processus de construction de l’identité et des valeurs culturelles, à travers une juxtaposition de matériaux et d’objets glanés auprès de divers marchands ou dans les ventes aux enchères. L’artiste parvient à aborder en simultané l’histoire politique et religieuse, ses grandes conquêtes et ses empires déchus, se servant de sa propre vie comme liant. C’est par le prisme intime que la temporalité devient malléable – un matériau de plus qu’il peut découper et combiner, suivant une méthode collagiste.

L’œuvre Untitled (2020) est composée d’une Vierge à l'Enfant en noyer datant du milieu du 15e siècle et d’une tête de hache de l'âge de bronze, toutes deux enfermées dans une vitrine en chêne et laiton du 20e siècle. Ces objets portent diverses traces de l’usure du temps, et certains d’entre eux ont également subi des modifications de la main même de l’artiste – une partie de la tête de la Vierge, ainsi que de l’enfant, sont découpées de manière rectiligne. Ici, à la fragmentation de la ruine s’ajoute une découpe mécanique, geste d’appropriation par lequel l’artiste exerce son pouvoir et ses droits de propriétaire sur une pièce culturellement symbolique. A cet ensemble, au travers duquel s’élabore un dialogue transhistorique, vient alors s’ajouter une fleur, la capucine, que l’artiste a introduit au moment de l’exposition.

Par le végétal, Danh Vo introduit aussi une nouvelle temporalité dans son œuvre : celle, fragile et éphémère, du vivant, qui continue de croître tant bien que mal au milieu des vestiges de la grande Histoire. La capucine donne également son nom à la vaste installation exposée dans l’espace de la rotonde à la Bourse de Commerce, dont l’œuvre fait partie – Tropeaolum. Ce terme, issu du grec ancien tropaion, désigne littéralement le « trophée ». La délicatesse de cette fleur serait alors une ruse pour dissimuler sa prise de pouvoir : c’est à présent au règne végétal de reconquérir le monde, à commencer par l’espace muséal, forcé de composer avec les contraintes d’éclairage et de conservation qu’il requiert.

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