Sesta

2019

Huile sur toile

170 × 300 cm

Parmi les herbes hautes d'une dune de bord de mer, la pose frontale d'un jeune homme au centre du tableau interpelle le visiteur. Il est étendu, nonchalamment appuyé sur le coude, dans une attitude souligne le titre de l'œuvre Sesta qui signifie « sieste » en français. Dans l'axe d'une lune dont il manque un quartier, l'artiste fait de ce personnage le « maître et possesseur de la nature » : il domine le paysage avec la même habileté silencieuse que ce félin qui serpente et se fraie, à la gauche du tableau, un chemin dans les herbes sauvages.

La composition met à l'honneur une végétation, peinte dans un camaïeu de jaunes et de bruns, d'un geste énergique et précis qui contraste avec les calmes aplats de bleu d'un ciel nocturne. Cette brousse est pour l'artiste un élément salvateur et protecteur ; c'est là qu'ont été créés les premiers quilombos, communautés autonomes fondées par des esclaves en fuite, dit « marrons », dans l'arrière-pays brésilien, mais c'est aussi le paysage traversé par les esclaves libérés par à Harriet Tubman sur les chemins de l'Underground Railroad.

La nature est donc un refuge, un environnement familier pour ces populations et leurs descendants, un territoire qu'ils connaissent parfaitement sans le dominer, mais dont ils ont un entendement intime. « Je pensais à la parabole biblique du bon grain et de l'ivraie et à la nécessité de séparer ce qui est nuisible de ce qui est fertile et utile, à une exception près : dans la parabole, le semeur devait attendre la récolte pour pouvoir séparer l'ivraie du blé ; ici, le semeur identifie, à l'avance et avec les ciseaux ce qui est bon de ce qui est mauvais. »

Puisant dans un imaginaire où le mythe, l'histoire et la religion se rencontrent et fusionnent, Antonio tisse, avec une grande liberté, la trame d'un récit qui dépasse les limites d'une interprétation étanche.

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