Fecha-Corpo

Ce monotype montrant le corps de l'artiste directement pressé sur la toile, imprimant sur la surface du tableau sa propre matérialité, manifeste l'intérêt d'Antonio Oba pour la place du corps et soulève, plus particulièrement, la question de la représentation du corps noir. Puisant dans l'histoire de l'art moderne et contemporain, il rappelle aussi le procédé des body prints utilisé par l'artiste Afro-américain David Hammons, réactivant lui-aussi – en le désacralisant – le procédé anthropométrique d'Yves Klein.

Dans ses dessins et peintures, comme dans ses performances, Antonio Oba utilise son propre corps, métissé, pour interroger la place de l'homme noir dans la société brésilienne. Cet engagement artistique et politique lui a valu d'être censuré dans l'exposition « Queermuseum » à Porto Alegre, au Brésil, mais également contraint à l'exil afin d'échapper à des menaces de mort.

Le travail d'Antonio Oba naît d'une recherche sur les relations d'influences et d'échanges dans la construction de la culture brésilienne : l'effacement de la composante africaine de l'histoire de l'art brésilien laissant place à un acte de résistance et de réflexion sur l'idée d'une identité nationale, dans un pays qui souffre particulièrement de préjugés ethniques, autour des questions de race, d'origines, de couleur de peau.

Né en 1983 dans la banlieue de Brasilia, Antonio Oba s'imprègne de l'univers religieux brésilien, notamment au travers de la culture candomblé, culte des divinités Orichas, mélange de catholicisme, de rites indigènes et de croyances africaines. Il reconfigure dans son travail les aspects d'une tradition rurale, imprégnée de mystique, prise dans les racines de traditions séculaires, et réfléchit ainsi de manière critique à l'idée d'un supposé syncrétisme brésilien. Ses œuvres puisent aussi à sa mémoire personnelle, familiale et affective.

L'œuvre Fecha-Corpo a été présentée pour la première fois par la Collection Pinault lors de l'exposition « Ouverture » à la Bourse de Commerce en 2021.