Piero
Manzoni

Piero
Manzoni

Italien, 1933 — 1963


En dépit de son passage éclair dans la sphère artistique – l’essentiel de sa production se situe entre 1956 et 1963 –, les multiples pistes que Piero Manzoni a défrichées ont profondément influencé la création depuis les années 1960.

Son œuvre combine les démarches caractéristiques de l’art conceptuel, du Pop Art, de la performance, invoque le souvenir de Dada ou annonce l’Arte Povera, et rend de fait caduque toute tentative de catégorisation. Des Sculptures vivantes aux Socles magiques, invitant le chaland à monter sur un promontoire pour incarner l’art, en passant par les Œufs et les fameuses Merdes d’artiste, boîtes de conserve contenant sa matière fécale vendues au cours de l’or, le travail complexe de Piero Manzoni sonde avec humour le pouvoir mystique du geste artistique ainsi que ses limites.

La série des Achromes, que l’artiste italien fera évoluer tout au long de son parcours, soutient, cette œuvre protéiforme. Manzoni commence ce travail en 1957, après avoir vu les monochromes d’Yves Klein. Contrairement à ce dernier qui joue sur le pouvoir hypnotique de la couleur, Piero Manzoni cherche à évacuer de la toile la peinture elle-même. Il retire ainsi du tableau pigment et gestuelle picturale. De fait, les Achromes sont produits en imbibant de kaolin une toile plissée qui, en séchant, imprime à l’œuvre sa forme définitive. L’utilisation du kaolin, matériau de fabrication de la porcelaine, brouille la distinction entre peinture et sculpture. L’artiste ne fait qu’amorcer le processus de création de l’œuvre, qui se déroule ensuite de manière autonome, libre de référence.

« Le tableau est notre aire de liberté que nous parcourons à la recherche de nos images premières », Piero Manzoni, Prolégomènes à une activité artistique, mars 1957.

Extrait du catalogue d’exposition « Qui a peur des artistes? », Dinard, 2009, p. 26-27.

Les œuvres de Piero Manzoni