The Wonderful One

1986

Fusain sur papier

127 × 96,5 cm

À première vue, voici la silhouette nue, en ombre projetée, d'un homme qui exécute un pas de danse ; à y regarder de plus près, il s'agit de la caricature d'une représentation raciste stéréotypée d'un homme noir. Son corps nu, aux détails de l'anatomie fondue au noir profond du fusain, devient un monochrome découpé sur un fond blanc. Son visage est réduit à la lumière d'une paire d'yeux d'un blanc étincelant et à deux rangées de dents qui suggèrent un sourire forcé.

Réalisée alors que Kerry James Marshall était en résidence au Studio Museum de Harlem en 1986, The Wonderful One une œuvre précoce et fondatrice qui condense toutes les préoccupations de l'artiste. Citant aussi bien la fresque Adam et Ève chassés de l'Éden de Masaccio (1424-25) ou le Carré noir sur fond blanc (1915) de Malevitch, l'œuvre est l'une des premières peintures de l'artiste puisant dans l'histoire de l'art pour dénoncer les représentations stéréotypées des afro-américains. Lorsqu'il évoque la genèse de la série à laquelle appartient The Wonderful One, Kerry James Marshall dit d'ailleurs : « Je lisais le livre de Ralph Ellison, L'homme invisible, et j'ai été frappé par sa description dans le prologue de la condition d'invisibilité des Noirs en Amérique. »

Ce chef-d'œuvre est un acte politique radical qui se situe à la frontière entre « un stéréotype complètement aplati, un dessin animé, et une représentation pleinement résonnante, compliquée et authentique » comme le confie l'artiste lui-même.

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