Colette, Paris, France, 1952

À travers un double portrait singulier, l’écrivaine Colette nous scrute du regard, le doigt songeur porté aux lèvres dans son domicile parisien du Palais-Royal. Sa tenue noire à pois blancs crée un jeu d’écho formel avec la robe de sa compagne et gouvernante, Pauline Vérine, qui la surplombe en arrière-plan, telle une apparition. Malgré cette similitude, les contrastes sont nombreux : l’une est assise l’autre debout. L’une nous regarde, l’autre non. L’une dans la lumière, l’autre spectrale.

Jouissant déjà à l’époque d’une grande renommée, Henri Cartier-Bresson se distingue par ses talents de portraitiste. Il sait laisser libre cours au hasard et saisir sur le vif la personnalité de ses modèles, qu’il choisit par admiration le plus souvent parmi les plus grands artistes et intellectuels de son temps. Il réalise ici l’un des derniers portraits de la célèbre écrivaine approchant des quatre-vingt ans, cherchant comme toujours à « saisir le silence intérieur d’une victime consentante ».

L’œuvre Colette, Paris, France, 1952 est présentée pour la première fois au sein de la Collection Pinault à l’occasion de l’exposition monographique « Henri Cartier-Bresson. Le Grand Jeu » à Palazzo Grassi à Venise en 2020.