Rotor

Les œuvres de Jean-Luc Moulène, par-delà leur éclectisme formel, ont ceci de commun qu’elles bousculent les codes et interrogent leur propre statut d’objet d’art. Entré en sculpture dans les années 1990 après avoir accédé à la notoriété par la photographie, l’artiste se plaît à assembler des objets hétéroclites sur le procédé de l’érosion. Aucun mortier ne lie la vasque, la figure féminine et l’aigle qui composent Rotor : les éléments de ce groupe sculptural sont comme imbriqués les uns aux autres par la seule action de la gravité et du frottement. 

Par son improbable juxtaposition d’objets, la sculpture Rotor reprend l’un des grands aspects de l’œuvre de Jean-Luc Moulène : le détournement. La référence à la statuaire de jardin bute sur le titre de l’œuvre ; « rotor » désigne l’élément rotatif d’une machine, tel que l’hélice d’un avion. L’esthétique fonctionnelle et décorative de l’objet est ici indissociable du simple constat de sa futilité. 

Présentée pour la première fois à l’occasion des expositions « Slip of the Tongue » à Punto della Dogana (2015-2016), la sculpture Rotor compte parmi les œuvres les plus spectaculaires de Jean-Luc Moulène conservées au sein de la Collection Pinault.