Marlene Dumas. open-end
Losing (Her Meaning)
[Perdre (son sens)]
1988, huile sur toile, 50 x 70 cm
Pinault Collection
Sous le commissariat de
Caroline Bourgeois
Le Palazzo Grassi présente « open-end », la première grande exposition personnelle de Marlene Dumas en Italie dans le cadre des monographies de grands artistes contemporains organisées par la Pinault Collection.
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Le Palazzo Grassi présente « open-end », la première grande exposition personnelle de Marlene Dumas en Italie dans le cadre des monographies de grands artistes contemporains organisées par la Pinault Collection.
Marlene Dumas (1953, Le Cap, Afrique du Sud) a elle-même choisi le titre de l’exposition qu’elle explique ainsi : « J’ai beaucoup réfléchi à ce qui lie mes œuvres entre elles pour trouver un titre qui reflète également mon état d’esprit et la perception du monde qui m’entoure. J’ai pensé au confinement, au fait d’être enfermée, aux musées fermés et au Palazzo Grassi qui devra être ouvert pour accueillir l’exposition. Puis j’ai pensé au mot « open » et à la manière dont mes peintures sont ouvertes à différentes interprétations. Dans mes œuvres le spectateur voit immédiatement ce que j’ai peint, mais n’en connait pas encore la signification. Là où l’œuvre commence n’est pas là où elle se termine. Le mot « end » qui dans le contexte de la pandémie a ses propres implications, est à la fois fluide et mélancolique. »
Le commissariat de l’exposition est assuré par Caroline Bourgeois en collaboration avec l’artiste. L’exposition rassemble plus de 100 œuvres, provenant de la collection Pinault ainsi que de musées internationaux et de collections privées. Elle se concentre sur le travail récent de l’artiste et inclut certaines œuvres inédites réalisées spécifiquement pour l’exposition, accompagnées d’une sélection de peintures et dessins réalisés datant de 1984 à aujourd’hui.
Déployée sur les deux étages du Palazzo Grassi, l’exposition parcourt les thèmes fondateurs de la recherche artistique de Marlene Dumas à travers un rythme poétique, parfois rapide, parfois plus lent, alternant des œuvres de petit et très grand format, comme si l’accrochage entendait faire écho à la définition de la poésie proposée par l’artiste : « La poésie est une écriture qui respire et fait des sauts, et qui laisse des espaces ouverts pour nous permettre de lire entre les lignes. »
Considérée comme une artiste particulièrement influente de la scène artistique contemporaine, Marlene Dumas est née en 1953 au Cap, Afrique du Sud. Elle grandit et étudie les beaux-arts sous le régime de l’apartheid. En 1976, elle arrive en Europe pour poursuivre ses études et s’installe à Amsterdam, où elle vit et travaille depuis lors. Marlene Dumas peint aujourd’hui principalement à l’huile sur toile et à l’encre sur papier. La plus grande partie de son œuvre est constituée de portraits représentant, à travers des visages et des corps, toutes la gamme des émotions humaines.
L’essence de son travail réside dans son utilisation des images d’où elle puise son inspiration, provenant aussi bien de journaux que de revues et de films, qu’il s’agisse de photogrammes cinématographiques ou de polaroïds qu’elle prend elle-même. Elle dit en parlant de son travail : « Je suis une artiste qui utilise des images de seconde main et des expériences de premier ordre ».
L’amour et la mort, les questions de genre, les thématiques raciales, l’innocence et la faute, la violence et la tendresse sont certains des sujets qu’elle aborde, où la sphère intime touche aux questions sociopolitiques, à des faits divers ou
à de grands sujets de l’histoire de l’art. Toute sa production se fonde sur la conscience que le flux sans fin d’images qui nous submerge chaque jour, interfère avec la perception que nous avons de nous-mêmes et notre manière de lire le monde. Au cours des dernières années, la littérature et la poésie, de Shakespeare à Baudelaire, ont également représenté une source d’inspiration pour l’artiste.
Le travail de Marlene Dumas se concentre sur la représentation des figures humaines prises dans leurs émotions et paradoxes les plus intenses :
« La peinture, c’est la trace du toucher humain. Il s’agit de la peau d’une surface. Un tableau n’est pas une carte postale. »
Comme elle le déclare elle-même et comme le souligne Ulrich Loock dans son texte du catalogue, « Certains critères de sélection des images pris en considération dans la peinture de Marlene Dumas peuvent trouver leur origine dans sa biographie personnelle […]. Mais plus généralement, d’autres facteurs peuvent aussi intervenir de manière déterminante : sa jeunesse passée sous le régime de l’apartheid et, en conséquence, sa sensibilité pour la situation des « damnés de la terre », hommes et femmes privés de droits au Congo, en Algérie ou en Palestine ; sa position fondamentale, d’ordre politico-moral, à l’encontre du racisme et de la discrimination de genre ; ou la défense d’un « érotisme » exhortant son désir « d’avancer vers les forces indisciplinées de la vie, de la chance et du hasard, contre la sérieuse gravité de formulations systématiques ». Si les questions morales la stimulent, c’est la conscience de la façon dont celles-ci sont vécues dans et à travers le corps qui est au cœur de son travail. »
Elisabeth Lebovici ajoute dans son texte du catalogue, « Si les figures reviennent, c’est qu’elles sont déjà venues. Peut-être pas là au Palazzo Grassi, qui les expose pour la première fois. Mais elles ont déjà été là, au moins une fois, non en tant que peintures, plutôt en tant qu’images. Certes, il s’agit d’une manière de faire coutumière à Marlene Dumas et à la génération des peintres et des photographes qui travaillent après et d’après des images et des textes imprimés. […] Ce processus opératoire de « revenance » indirecte permet, comme elle l’a dit, de pouvoir « peindre n’importe quoi sans demander la permission du sujet original qui a été photographié ni négocier avec elle ou lui, car notre “modèle” – c’est-à-dire toute photographie – est devenu un bien public. Nous n’avons pas besoin d’être là où la scène se déroule »