Warhol Diptych

En 1964, Sturtevant souhaite reprendre une œuvre d'Andy Warhol : « Andy connaissait mon travail », déclare-t-elle. « Un jour, je lui ai juste dit : “Je veux ta Marilyn ou tes Flowers”. C'est chose fait en 1973, avec Marilyn Diptych, un ensemble de cinquante portraits de Marilyn Monroe sérigraphiés par Warhol en 1962. Les écrans originaux utilisés par Warhol ont ainsi fini dans l'atelier d'Elaine Sturtevant et Marilyn Diptych est devenu Warhol Diptych.

Le trouble du double est total puisque même les imperfections de l'original warholien réapparaissent sur le remake. Le visage grisé de Marilyn, maculé de taches noires, produites par les passages de l'encre sur l'écran, s'efface une seconde fois. Pour Andy Warhol dont la reproduction habitait déjà le travail, le projet artistique de Elaine Sturtevant est une occasion de donner une place encore plus centrale à la reproduction. Interrogé sur sa technique, Warhol avait ainsi le bonheur de pouvoir répondre : « Je ne sais pas. Demandez à Elaine. » (Sturtevant citée par Bill Arning, « Sturtevant », Journal of Contemporary Art, vol. II, n° 2, automne-hiver, 1989, p. 44).

En choisissant de reproduire les œuvres d'artistes de son temps dont elle admire le travail, au moment même où elles apparaissent, Sturtevant fait de la copie un acte de soutien, de valorisation, de reconnaissance.

Cette œuvre a été présentée pour la première fois par la Collection Pinault dans l'exposition « Au-delà de la couleur » à Rennes, au Couvent des Jacobins, en 2021.