Johns Target (1st Study)

1986

Collage à l’encaustique et papier imprimé sur toile

44,6 × 44,7 × 5,9 cm

À partir des années 1960, Sturtevant se consacre à la reproduction de mémoire d’œuvres canoniques de ses contemporains, questionnant les notions d’originalité et de créativité. Elle apprend rigoureusement les techniques originales, puis intitule ses œuvres par une contraction du nom de l'artiste et du titre original. Jouant avec le mythe de l'œuvre d'art et la valeur du nom de l'homme qui l'a réalisée - les artistes copiés étant exclusivement masculins - Sturtevant expose le déséquilibre genré qui compose la scène artistique new-yorkaise.
 

Son œuvre Johns Target (first study) (1986) peut être immédiatement identifiée aux « Target » que Jasper Johns explore entre 1955 et 1961. Le motif de la cible, avec celui du drapeau américain, deviendra l'un des plus radicaux et reconnaissables de l’artiste. Pour Johns, la cible était un moyen de peindre "des choses que l'esprit connaît déjà", une idée que Sturtevant a poussé plus loin. Elle explique que, « lorsque vous réalisez que ce n'est pas un Johns, soit vous êtes secoué et vous le rejetez immédiatement, soit l'œuvre reste avec vous comme un mauvais bourdonnement dans votre tête. Il faut commencer à se demander ce qu’il se passe ici, (…) comment cela fonctionne » *. Les disparités entre les versions encouragent le spectateur à regarder au-delà de leurs similitudes superficielles et à véritablement s’interroger sur la structure sous-jacente, essentielle, de l'art.

Cette œuvre a été montrée pour la première fois par la Collection Pinault en 2023 au Couvent des Jacobins à Rennes, à l’occasion de l’exposition « Forever Sixties ».

*Sturtevant, interview with Peter Halley, index magazine (en ligne), 2005.

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