Pigeons

2018

Huile sur toile

Panneau gauche : 94,5 × 67,8 × 4 cm Panneau central: 97,5 × 90,8 × 4 cm Panneau droit: 95,7 × 95,4 × 4 cm

Dans sa jeunesse, lors de vacances en Bretagne, Luc Tuymans a été fasciné par les grands colombiers qui abritaient autrefois les pigeons destinés à la chasse ou à l’abattage. Il a ainsi appris que posséder un tel bâtiment était un privilège de la noblesse, et que les dimensions et le prestige d’un domaine en déterminaient l’orientation et la taille. Ces pigeonniers historiques et la colombophilie en général ont été le point de départ de nombreuses œuvres de l’artiste dont The Rumour (2001) où l’on retrouve déjà un ensemble de trois yeux de pigeon en gros plan.

Quelquefois resplendissants, d’autres fois sales et accablés par la maladie et la dégénérescence, les pigeons chez Luc Tuymans forment ainsi une foule étrange, inquiétante et menaçante, plus artificielle que naturelle, à l’instar d’une société secrète parallèle à la nôtre et symbolisant les formes et les images du pouvoir politique, religieux, social, médical, environnemental...

Dans la version de 2018, traité selon des tons blafards et assourdis, agrandi de façon presque monstrueuse, l’œil de pigeon n’y est définitivement plus celui de l’animal qui embellit nos places et nos rues, mais un œil mutant ou génétiquement modifié, l’incarnation froide et glaciale d’une société de surveillance permanente.

Marc Donnadieu, extrait du livret de médiation de l'exposition « La Pelle », Palazzo Grassi, 2019-2020.

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