OPALKA 1965/1

Un matin de l’année 1965, Roman Opałka a l’idée d’utiliser la peinture afin de matérialiser le caractère irréversible du temps. C’est l’amorce de son grand œuvre qui l’occupera pour le reste de sa carrière, « OPALKA 1965 / 1 - ∞ », une suite de nombres peints à travers une succession de tableaux qu’il nomme « détails ». Le premier d’entre eux, réalisé en 1965, débute par le chiffre 1 ; en 1972, alors qu’il atteint le nombre 1 000 000, il décide d’ajouter 1 % de blanc additionnel dans le mélange de peinture qu’il utilise en arrière-plan, et ce pour chaque nouvelle toile qu’il entame. 

Alors que ses œuvres antérieures se composent de teintes relativement sombres, les suivantes se feront de plus en plus pâles, jusqu’à se rapprocher d’un blanc monochrome. En témoignent les trois tableaux accrochés au mur, à proximité de son autoportrait, sur lesquels se distinguent à peine les nombres peints minutieusement en blanc sur fond blanc. De 1965 à sa mort en 2011, Opałka réalisera ainsi 231 tableaux. Le dernier d’entre eux s’achève sur le nombre 5 607 249. Le dispositif architectural de forme octogonale qui accueille sept œuvres de la série « OPALKA 1965 / 1 - ∞ » fut pensé par l’artiste lui-même comme la représentation spatiale de « l’espace-temps d’une existence ». On y entend un enregistrement de la voix de Opałka dictant une série de nombres, alors même qu’il est en train de les peindre. Cette dimension sonore, à l’instar de ses tableaux, traduit la volonté de l’artiste de refléter tout en le fixant l’inexorable passage du temps.

 Cette œuvre a été présentée pour la première fois par Pinault Collection à l'occasion de l'exposition « Icônes » à la Punta della Dogana à Venise, 2023.