not quite as clear

2019

Huile sur toile

244 × 213,7 cm

Dans une folie de rouge, une figure filiforme, anguleuse et tourmentée, déroule à pleines mains un linge blanc, un bandage qui a la longueur d'une écharpe et la légèreté d'une étamine de coton. Le linge, étiré jusqu'à barrer la moitié de la surface du tableau avant de retomber vers le sol, vibre par transparence du rouge organique qui semble bouillonner tout autour du personnage, épaisse, presque poisseuse. L'étoffe se macule de sang au contact des mains et du buste. Dans le tiers supérieur, sur une nappe d'un rouge plus sourd en arrière-plan, une ligne de démarcation noire traverse la largeur de la toile et délimite un mur et l'angle qu'il forme avec le sol. L'attention de l'homme à sa besogne, visage baissé vers son ouvrage, le soustrait au strict face à face que le premier plan et l'échelle du tableau appelle.

Florian Krewer s'inspire de photographies de ses proches, pris dans leur environnement urbain, pour représenter ces jeunes hommes dans des peintures de grand format. Mais l'attention particulière que cet artiste (né en 1986) porte à la monumentalité des figures, aux couleurs et aux effets de matière, rappellent ceux de son aîné et ami Peter Doig. La simplification des corps transforme ces silhouettes d'aujourd'hui en figures universelles, expressionnistes, étranges et inquiétantes, animées d'une extraordinaire énergie.

Si le pouvoir de la peinture est d'incarner, Florian Krewer touche à son mystère quand ses toiles entières deviennent chairs et couleurs à vif, disputées à la nuit noire ou rougeoyante de colère. Des scènes urbaines, de rixes, de battles, où l'harceleur, le complice et la victime se confondent.

Expositions