Lighter III
Huile sur toile
41 × 33 cm
Inspirées de rencontres récentes ou plus anciennes, les œuvres de Xinyi Cheng sont principalement réalisées à partir de portraits photographiques représentant des situations quotidiennes. Dans son entourage, Cheng capte une gestuelle, un visage : une cigarette aux lèvres, tendue vers un briquet, un homme portant sa bouche à un filet d'eau, des mains protégeant une flamme, l'ombre colorée de la nuit sur un visage, un jeune homme la tête dans les mains… L'artiste née en 1989 en Chine, qui vit entre Shanghai et Paris, resserre le cadre et s'inspire de la photographie pour imaginer des peintures de petit format, fragments intimes. Elle représente des situations ordinaires, une somme de petits gestes. Elle s'emploie à restituer halos, nimbes, reflets, flammes, éclats d'eau, autant d'états instables que sa peinture saisit avec une troublante sensualité.
Il s'agit ici d'une image, au cadre très resserré sur l'action, d'une personne donnant du feu ou enflammant autre chose, que le pouce nous cache. Le clair-obscur évoque la leçon des peintres caravagesques et celle de l'œuvre du maître français Georges de La Tour. Xinyi Cheng semble porter toute son attention sur la lueur du briquet et s'attacher à en restituer à la fois l'effet de halo et du phénomène physique de trans-luminescence de la peau dont l'éclat semble percer la toile au point de devenir elle-même un fanal.
La flamme qui s'élève est-elle celle d'une idylle qui commence ou d'un mystère plus sacré ? Profane ou spirituelle, elle semble porter la magie du tableau et l'élan de l'âme. Le format du tableau créé un sentiment d'intimité avec le geste, avec ce visage à demi visible, les lèvres rosies par la flamme. On peut y voir un érotisme subtil, une scène de rencontre, de séduction, de secret.
Cette œuvre de Xinyi Cheng est présentée pour la première fois par la Collection Pinault lors de l'exposition « Ouverture » à la Bourse de Commerce en 2021.