Camouflage Jasper Johns, La Voix de son Maître

Alain Jacquet explore les expérimentations artistiques des années 1960 à travers ses « Camouflages », des toiles où il superpose des images hétérogènes. Il mêle habilement des motifs emblématiques de l'histoire de l'art, de la Renaissance au Pop, avec des éléments de la culture populaire contemporaine. Les images se fondent et se confondent, créant de nouveaux jeux de sens à travers l'interpénétration subtile des couleurs et des formes.

Dans Camouflage Jasper Johns, La Voix de Son Maître (1963), Jacquet revisite l'œuvre Three Flags (1958) de son contemporain Jasper Johns, qui, dans la mouvance du Pop Art, accentue la dimension stéréotypée et omniprésente de la bannière étoilée en tant que motif représentatif de la civilisation américaine. Jacquet ajoute au trio de drapeaux américains projetés vers l'extérieur le logo du label discographique Pathé-Marconi La Voix de son Maître, représentant un chien fasciné par un gramophone.

Jacquet joue sur la connotation ambigüe des images qu'il choisit de « télescoper », selon l'expression de Guy Scarpetta. Il opère un redoublement de la critique initiale de l'œuvre de Johns, et le détournement du slogan devient ainsi une dénonciation ironique de l'hégémonie américaine, y compris dans le domaine artistique. Tout en étant tributaire du Pop Art américain, Jacquet se distingue par une approche plus complexe, élaborant un système de citations riche au chromatisme sophistiqué. 

Cette œuvre a été montrée pour la première fois par Pinault Collection en 2023 au Couvent des Jacobins à Rennes, à l’occasion de l’exposition « Forever Sixties ».