Warhol, Gold Marilyn Monroe
Acrylique et encre sérigraphique sur toile
Diamètre 46,5 cm
À partir des années 1960, Sturtevant se consacre à la reproduction d’œuvres canoniques de ses contemporains, questionnant les notions d’originalité et de créativité à l’ère de circulation en masse des images. Il ne s’agit pas de simples copies, mais de penser l’expérience-même de l’art : « Je fais des reproductions pour confronter, pour déclencher la réflexion » *, dit-elle. Elle apprend rigoureusement les techniques originales, puis intitule ses œuvres par une contraction du nom de l'artiste et du titre original. Jouant avec le mythe de l'œuvre d'art et la valeur du nom de l'homme qui l'a réalisée - les artistes copiés étant exclusivement masculins - Sturtevant expose le déséquilibre genré qui compose la scène artistique new-yorkaise.
Avec Warhol, Gold Marilyn Monroe (1973), comme pour la série Warhol Diptych (1973-2004) qui suivra, Sturtevant s'est penchée sur la signification culturelle des deux figures star, ainsi que sur les conséquences de la culture de la célébrité dans la pratique artistique. Warhol aborde déjà le sujet lorsqu’il s’approprie le portrait ultra célèbre de Marilyn Monroe pour l’ériger en icône reproductible, le fond doré rappelant celles de l’art chrétien. Le travail de Sturtevant commence quelques semaines seulement après que Warhol a lancé la série. Elle rencontre alors les assistants de l’artiste et emprunte même son matériel de sérigraphie. Par cette approche inédite, une sorte de méta-appropriation, Sturtevant soulève la grande question de l’autonomie de l’œuvre d’art.
Cette œuvre a été montrée pour la première fois par la Collection Pinault en 2023 au Couvent des Jacobins à Rennes, à l’occasion de l’exposition « Forever Sixties ».
*citée dans Sturtevant. The Brutal Truth, cat. exp., Udo Kittelmann, Mario Kramer, MMK & Hatje Cantz, Francfort, 2004, p.36.
© Estate Sturtevant, Paris. Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac