Bien sûr le petit bateau (Of course the little boat
Acrylique, bois et fleurs en plastique sur xérographie, posées sur deux toiles jointives
174,5 × 114 × 11 cm
A Los Angeles, une ville dont la chaleur, la lumière et l'hédonisme font écho à l'atmosphère de sa Côte d'Azur natale, Martial Raysse réalise Bien sûr le petit bateau (1963) en utilisant la technique qui le caractérise : l'image d'une femme posant sur une plage a été photocopiée et agrandie à une échelle monumentale, avant d'être couchée sur la toile et recouverte de couleurs Day-Glo. Le minuscule bateau rouge du titre, au loin sur la mer, se dérobe à notre attention derrière la vision fluorescente du premier plan. Ce détail souligne de manière humoristique l'artifice conscient de l'image et la direction du regard du spectateur. Le principe d'assemblage de cette œuvre est typique des Nouveaux Réalistes auxquels Raysse était associé. Transformant le plan pictural en une présence sculpturale, cet œuvre, comme d’autres dans le travail de l’artiste, récuse à la fois la bidimentionnalité et l’autonomie de la peinture.
Ce tableau fait partie d'une importante série de baigneuses réalisées entre 1962 et 1964, dans lesquelles Raysse pastiche des tableaux de maîtres dans des teintes électriques, jouant avec leur présence picturale en ajoutant des objets à leur surface. La baigneuse, sujet traditionnel de la peinture française, est représentée comme un objet de désir criard et aliéné ; les fleurs, symbole du caractère éphémère de la vie dans les peintures de Vanités, sont devenues tangibles et éblouissantes, bien que synthétiques. Raysse met également l'accent sur la construction des illusions, ainsi que sur les stéréotypes de l'image féminine dans la publicité et l'histoire de l'art.
Cette œuvre a été montrée pour la première fois par Pinault Collection en 2023 au Couvent des Jacobins à Rennes, à l’occasion de l’exposition « Forever Sixties ».