Sculpture-lampe IX

Au bout d'une tige verte élancée, une bouche d'un rouge éclatant surgit d'une paire de fesses couleur coquelicot. Ceci est une lampe.

L’artiste polonaise Alina Szapocznikow fabrique ses « sculptures-lampes » à partir de résine de polyester colorée, fil électrique et métal. En 1966, elle commence à fabriquer une série de bouches et seins illuminés à partir de moulages de parties de son corps ou celles d’amies comme Ariane Raoul-Duval, compagne de l’écrivain Roland Topor, ou l’actrice britannique Julie Christi. En créant des « sculptures-objets-corps », l’artiste procède à une double aliénation. La première est celle du corps de la femme, objectifiée par les éléments touchant à la sensualité et la sexualité. La deuxième est l’aliénation de l’objet d’art : il ne s’agit plus d’une simple sculpture, mais d’une lampe – brouillant la frontière entre fonction esthétique et fonction utilitaire.

La sculpture d’Alina Szapocznikow, conservée au sein de la Collection Pinault, a été présentée en 2015-2016 lors de l’exposition « Slip of the Tongue » à Punta della Dogana à Venise.