Untitled

En 2017, Anne Imhof investit le pavillon allemand de la Biennale de Venise avec Faust, une installation-performance immersive qui lui vaut le Lion d'Or. Dans cette œuvre monumentale, l’artiste explore des thèmes récurrents dans son travail : le contrôle, la révolte, la soumission et la résistance.
Le pavillon, transformé en un espace froid et oppressant, est traversé par une structure en verre surélevée, obligeant les visiteurs à observer les performers depuis une position de domination ou de soumission. Ces derniers, évoluant lentement sous ou au-dessus des plaques transparentes, incarnent un univers de surveillance et d’aliénation, où le corps est à la fois exposé et enfermé. 

Dans ce contexte, l’œuvre Untitled (2017) prend tout son sens. Le portrait d’Eliza Douglas, muse et interprète centrale de la performance, s’inscrit dans cette réflexion sur l’isolement et la révolte silencieuse. L’usage du clair-obscur accentue l’ambiance dramatique de la composition : le corps partiellement dénudé émerge d’un fond ténébreux, tandis que le visage, à demi détourné, semble absorbé par un monde intérieur opaque. Détail subtil mais signifiant, la casquette qu’elle porte affiche un slogan, écho aux références visuelles de la culture urbaine. Dans Faust, où la rébellion est suggérée mais bridée par des structures invisibles, cette peinture agit comme un instant figé de cette tension : une force retenue, une présence hantée par l’oppression du monde contemporain.