Repeating the Obvious

2019

39 tirages numériques d’archives encadrés.

Dimensions variables.

Repeating the Obvious [en français : répéter l’évidence] – présenté pour la première fois par la Collection Pinault – reproduit sous différents formats une impression monochromatique bleue représentant un jeune homme noir vêtu d’un sweatshirt à capuche. Comme s’il émergeait de l’arrière-plan de couleur sombre, ce personnage reste vague, flou et impossible à identifier. Ce n’est que grâce aux nuances plus claires que son corps se devine, presque désincarné, flottant.
Il s’agit de la récupération d’une image de la série « All the Boys », réalisée par Carrie Mae Weems en 2016, alors que se mobilise le mouvement Black Lives Matter, en réaction aux nombreux meurtres d’afro-américains perpétrés par des policiers et des civils blancs. Dans ce contexte, la répétition de cette figure anonyme, dont les contours floutés se diluent dans le fond bleu du tableau, semble incarner la disparition, mais également la prolifération des actes de violence raciste.
Les dimensions variées des images qui rythment l’installation murale donnent l’impression que le corps s’approche du regardeur ou s’en éloigne. L’image qui se répète jusqu’à consteller de larges pans de murs, apparait moins comme un portrait individualisé, qu’une vision générique cherchant à investir et subvertir l’iconographie stéréotypée du jeune afro-americain. Le traitement sériel fait écho à cette perception générique et déshumanisée des hommes noirs, qui tend à en homogénéiser la représentation, comme s’il s’agirait d’une seule et même entité. Le traitement médiatique dont fait l’objet la communauté noire est à l’image de ce portrait flou et imprécis, qui est davantage le reflet de l’inconscient collectif que d’une réalité concrète. À travers lui, l’artiste souligne la récurrence de ces lacunes qui prolifèrent et ne cessent de se répéter, ignorant ainsi la diversité et la complexité des expériences noires.

« Repeating the Obvious ne serait pas d’abord une œuvre sur la violence blanche, mais un acte d’affranchissement volontaire de ce narratif dans un présent reposant depuis longtemps sur une culture qui ne se remet pas en question. Et ce fantôme, cet esprit, serait en fait le survivant de cette histoire. Le deuil que suscite sa vie volée par les balles des policiers serait alors un invité présent en permanence qui soulève la possibilité que l’histoire de la violence blanche ne soit pas la seule qu’on puisse raconter, mais qu’au contraire, il existe de longue date une bifurcation possible pour sortir du narratif de la violence. » Hans D. Christ, extrait du catalogue de l’exposition

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