Grande vague - Cette

1857

Epreuve sur papier albuminé à partir d'un négatif verre au collodion

71.1 x 53.3 cm (28 x 21 in)

Cette photographie marine, prise en 1857, répond à la sensibilité romantique de son époque, et témoigne de l’exceptionnelle maîtrise technique de Gustave Le Gray envers le jeune médium photographique, qu’il met ici au service d’une composition à la fois raffinée et complexe. Le temps de pose très rapide, en ce qui concerne les standards de l’époque, permet à Le Gray de représenter l’instant en mouvement, en fixant net la houle et le ressac des vagues. Cette prouesse technique est rendue possible grâce à l’utilisation de plaques au collodion humide, mises au point par Le Gray. Il s’agit par ailleurs d’une photographie composite, ayant nécessité deux prises de vue, l’une de la mer et l’autre du ciel, la jonction entre les deux négatifs se situant au niveau de l’horizon.

La composition doit son dynamisme aux lignes obliques qui la parcourent ainsi qu’à l’expressivité produite par la lumière en clair-obscur. La blancheur de l’écume des vagues s’alterne ainsi aux zones ombragées et à la jetée, assombrie par le contrejour. Le halo produit par la lentille de l’appareil, en rendant le centre de l’image plus clair, permet à Le Gray d’accentuer l’impression de profondeur. De sombres nuages regroupés dans les coins supérieurs de l’image viennent renforcer cet effet de perspective atmosphérique. Théodore de Banville dira de Le Gray qu’il « sait fixer en une seconde les caprices et les colères de la mer fugitive ».

« La Grande Vague a ouvert la voie à la représentation de l’instantané. C’est la première fois que le temps s’imprime sur le papier. Il émane de ce chef-d’œuvre quasi cinématographique la sensation du mouvement. Immobile, cette œuvre n’a néanmoins rien de figé. De La Grande Vague se dégage toute la puissance du vivant. » Matthieu Humery, extrait du catalogue de l’exposition

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