At Dusk

1993

110 tirages argentiques à développement chromogène

13,3 × 29,6 cm

« Ce qui est important, c’est de représenter non pas un événement mais un rapport au monde. Or je pense que ce rapport devrait concerner tout le monde. Bien qu’une situation soit représentée à travers un point de vue personnel, elle concerne des processus sociaux qui sont communs, partagés », explique l’artiste. Cette couleur bleue, crépusculaire, convoque les souvenirs traumatiques de son enfance, liés à la Seconde Guerre mondiale : « Le bleu incarne pour moi la couleur du blocus, de la famine, de la guerre… Je me rappelle encore les bombardements, des sirènes hurlantes, des projecteurs dans le ciel splendide et bleu marine ».

Souvent glaçantes, ses photographies panoramiques réalisées à l’aide d’un appareil photo « horizon » créent un langage visuel inhabituel et déroutant qui souligne cette nouvelle réalité sociale. Des scènes de rue, sombres et sans concession, montrent des habitants qui font la queue pour obtenir de la nourriture ou se serrent autour d’un feu de fortune. L’atmosphère pesante est renforcée par un cadrage serré, parfois saisi à hauteur de hanche ou de caméra surplombante, offrant un point de vue atypique, distancié et voyeur, sur les habitants et les paysages de Kharkiv. 
Le titre suggère que les images ont été capturées au crépuscule, un moment de glissement où la lumière du jour laisse place à l’obscurité. Mikhaïlov y voit une métaphore élégiaque de la transition de l’Ukraine vers l’indépendance après des années de régime communiste. « At Dusk » dépasse les tropes conventionnels de la photographie documentaire, occupant une position hybride entre documentaire et travail conceptuel.

Cette puissante série n’est pas sans évoquer les conflits et la tragédie dans lesquels le peuple Ukrainien se trouve de nouveau plongé depuis le début des hostilités déclenchées par le pouvoir russe, le 24 février dernier. 

Expositions