The best outside is the inside

1998

Deux moniteurs vidéo, deux lecteurs Brightsign

12'1"

Depuis le milieu des années 1990, l’artiste américaine Diana Thater, installée en Californie dès 1991, déconstruit, de manière méticuleuse, à travers ses « sculptures d’images de nature dans l’espace » 1, les dynamiques de tensions irrésolues entre environnement naturel et culture technologique, entre la wilderness — « étendue sauvage » ou « naturalité » en français — et le domestique. Elle explore aussi ces tensions entre la connaissance scientifique et la pensée magique, entre l’institution et le corps, entre l’exposition comme dispositif et le regard. Si les thèmes de prédilection de Diana Thater sont des sujets dits environnementaux, en particulier la faune et la flore non humaines, ils sont toujours traités de pair avec une réflexion sur le format vidéo et ses propriétés formelles, structurelles et temporelles.

The best outside is the inside est exemplaire du travail de Diana Thater. Deux moniteurs vidéo affichent un même sujet, une forêt la nuit (l’arboretum de Los Angeles), de deux façons différentes : l’un diffuse un plan fixe, tandis que l’autre propose un ensemble de contrechamps, certains montrant l’équipe de tournage réalisant le premier plan. L’installation en circuit fermé offre ainsi au regard plusieurs perspectives sur le même objet, et, au cours de cette boucle sans fin, l’illusion de pouvoir passer librement et dynamiquement d’une échelle à l’autre. Diana Thater questionne ici la prétendue neutralité du regardeur, qui se voit à son tour devenir l’objet de l’attention d’un autre. La présence des deux écrans énonce la nécessité d’aborder un même objet selon plusieurs points de vue différents. Et si c’était la forêt, cette fois-ci, qui nous regardait ? À sa manière, le film déconstruit notre rapport au paysage. Celui-ci n’est plus le support de notre volonté esthétique, mais un milieu où se déploie un ensemble de relations, dont nous ne sommes qu’un maillon.

Expositions
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