"Untitled" (For Stockholm)

1992

Ampoules, douilles en porcelaine et cordon électrique

Douze parties ; Dimensions variables

“Untitled” (For Stockholm) est une installation de douze guirlandes, constituées chacune de 42 ampoules électriques. Elle a été imaginée par Felix Gonzalez-Torres à l’occasion de sa première exposition majeure en Europe, au Magasin III à Stockholm. Comme d’autres œuvres de l’artiste, l’installation d’“Untitled” (For Stockholm) est laissée libre à chaque accrochage : elle peut très sensiblement varier d’une galerie d’exposition à une autre, d’une situation à une autre. Les guirlandes peuvent sinuer et s’enchevêtrer au sol, être suspendues au plafond pour retomber le long d’un mur… Dans toutes ces configurations, le visiteur est invité à traverser l’espace investi, à déambuler sous l’installation dans ses parages immédiats, sans mise à distance.

Les prises, le câblage, les raccords… : tout le matériel a été rassemblé à New York, puis livré à Stockholm où les ampoules avaient été procurées. Dans la première installation de Untitled (For Stockholm), Felix Gonzalez-Torres a choisi de ne présenter que la moitié des douze guirlandes. Cette façon de recomposer ses installations pour l’espace de leur présentation est un aspect conceptuellement important de l’œuvre, et sa configuration reste à la discrétion du propriétaire ou de l’exposant à chaque installation. L’oeuvre est une forme d’anti-monument, évoquant l’esthétique des rassemblements populaires festifs, une célébration de la magie de l’éphémère et une réminiscence, mélancolique, à la fois douce et poignante, et fondamentalement instable. La vie, l’amour, le lien affectif sont comme ces ampoules, lumières joyeuses, fragiles, dérisoires traversant la nuit, un fil vital appelé à « griller », pour s’éteindre inéluctablement. Pourtant, lorsque les ampoules de cette oeuvre se consument, elles sont continuellement remplacées, évoquant la perpétuité, la perte suivie du renouvellement…

Au sujet d’une photo d’un marché populaire de Paris qu’il a prise en 1985 lors son premier voyage en Europe avec son compagnon Ross Laycock, l’artiste déclare : « c’était si simple et beau, c’était exactement ce que nous avions à Cuba. […] J’ai redécouvert cette photo récemment et je me suis dit que mes fils de lumière venaient surement de là, mais pas consciemment. Ça doit surement être un exemple de mémoire du sang. » Les inspirations et les intentions de Gonzalez-Torres étant aussi diverses que son œuvre, il est naturel que sa spéculation sur une influence cubaine passe par un cliché pris à Paris plusieurs années après.

Cette œuvre est présentée pour la première fois par la Collection Pinault dans l’exposition « Felix Gonzalez-Torres — Roni Horn » à la Bourse de Commerce, à partir d’avril 2022.

Expositions