Self-Portrait with a Hood (pink)
Acrylique sur panneau
76 × 51 cm
Sur ce tableau, c'est l'artiste elle-même qui nous fait face… Et pourtant son regard semble fixer un point lointain, hors du cadre, hors champ, hors d'atteinte du regardeur. Avec cette œuvre, Claire Tabouret s'inscrit dans la tradition picturale de l'autoportrait, « mise en présence qui parle, sans mots ». Ce qui nous touche, c'est cette intensité paradoxale, entre présence et absence, une apparition énigmatique aux couleurs électrisantes. Les forces contraires du regard irriguent la peinture de Tabouret, tout est exposé et, à la fois, semble nous échapper.
L'artiste parle de l'autoportrait comme d'un « rituel d'atelier » : « c'est un face-à-face, je pars de mon reflet dans le miroir, ce dernier entretient un rapport fort avec la peinture. Pour moi, c'est comme se confronter chaque jour à ses choix, à sa volonté ou à sa détermination ».
Une lumière orangée – celle du sweat à capuche, allumée par un fanal latéral – presque fluorescente éclate sur le tableau, dont le bord de toile, retourné contre le châssis est également souligné d'un jaune-vert fluorescent qui projette son ombre acidulée sur la cimaise. Avec cet exercice de peinture luministe, Claire Tabouret puise dans la tradition maniériste de la couleur, la leçon du clair-obscur, des ombres portées, de Giorgione aux caravagesques, de Pontormo à Goya et Monet.
Self-portrait with a Hood (pink) prend aussi sa source dans la série Skulls de Marlene Dumas, œuvre dont l'impact tire sa force de l'ensemble formé par ces trente-six images individuelles, représentant chacune un crâne humain. C'est l'attention portée aux détails de chaque crâne qui a profondément touché Claire Tabouret laquelle, dans un acte singulier de peinture, s'impose la même exigence de représentation.
Cette œuvre a été présentée pour la première fois en 2021 par la Collection Pinault dans l'exposition inaugurale de la Bourse de Commerce, intitulée « Ouverture ».