Oblie

Au cours de l’un de ses voyages à travers l'Afrique de l'Ouest, Paulo Nazareth a trouvé un morceau de tissu usé, qu’il a décidé de conserver. L'artiste a brodé sur cet objet délaissé une silhouette ressemblant à un arbre ; en dessous, il a ajouté le mot "oublie". 
La simplicité de ce geste et la sobriété de cet objet dissimulent une histoire poignante qui fait référence à la traite des esclaves. Des millions d'Africains, arrachés à leur patrie, ont été contraints de tourner sept fois autour d'un baobab colossal surnommé l'Arbre de l'Oubli. Ce rituel visait à effacer leurs identités et liens ancestraux avant leur départ forcé vers les Amériques.

Avec la faute d'orthographe délibérée dans le titre de "oublie" en français, en "oblie", l’artiste introduit un commentaire critique sur les répercussions durables du colonialisme linguistique.
À travers cette œuvre, Paulo Nazareth poursuit son enquête sur les conséquences persistantes — psychosociales et politiques — de la violence raciale et coloniale.

Cette œuvre a été présentée pour la première fois par Pinault Collection à l'occasion de l'exposition « Icônes » à la Punta della Dogana à Venise, 2023.